La recherche avant tout
L’idée générale est qu’il n’existe aucune étude empirique de grande ampleur, aucune tentative de généralisation théorique sur les formes et les dynamiques du peuplement humain. Sur ce sujet, on possède d’un côté des monographies très précises en géographie, en ethnologie et en histoire ; d’un autre, des simulations théoriques en économie spatiale et en géographie économique. L’intérêt heuristique de ces recherches est, dans le premier cas, vite épuisé par les possibilités réduites de généralisation ; dans le second cas, d’une part, par le manque de validation empirique et d’autre part, par l’abandon de perspectives anthropologiques dans les intrants théoriques (politique, ethnologie, sociologie…). Aujourd’hui l’intérêt pour les « formes » est renouvelé par les questions énergétiques, de la ségrégation et de l’habitat durable. Pour s’adresser aux acteurs et au Politique, la science ne peut plus se contenter de prédire : elle se doit aussi d’expliquer et de mettre à disposition les informations qu’elle manipule.
La mission du projet est de créer une plateforme de recherche et de ressources mises à la disposition du public. La première (recherche/ formation) est la mission « naturelle » de l’université et du CNRS. La seconde est une pratique dans laquelle la France a pris un retard considérable : la diffusion d’un matériau de recherche rassemblé, formaté et contrôler par une instance académique.
Dans ce cadre, il était nécéssaire nécéssaire de distinguer des domaines d’applications qui constituent déjà en soi, des sujets d’études complexes et à part entière, c’est pourquoi nous avons découpé le projet en 4 pôles majeures complémentaires :
- Geokhoris : étude des Unités Locales Administratives (LAU)
- Geopolis : étude de la dynamique du peuplement urbain mondial
- Topolis* : étude de la toponymie
- Cartopolis* : pôle d’imagerie et de représentation cartographique inhérents à nos recherches
* ces domaines ne sont pas actuellement portés, mais nous recherchons des porteurs de projets susceptibles de s’inscrire dans notre démarche.
Origine et objectifs des projets
Fondée en 1990 par François Moriconi-Ebrard, la base de données Geopolis visait à produire des données harmonisées sur l’évolution de la population des agglomérations urbaines pour chaque décennie de 1950 à 1990 à l’échelle du monde. La première publication scientifique date de 1991. 25 ans plus tard, les citations de ce travail de référence se comptent par milliers, spécialement dans les milieux scientifiques et il n’existe toujours pas d’autre base de données mondiale sur ce sujet.
La constitution d’un échantillon empirique exhaustif devait surmonter trois défis techniques :
- chaque objet géographique de la base de données devait être défini de manière strictement homogène ;
- pour ne pas réduire a priori le concept « urbain » aux seules grandes villes, la base de données devait être en mesure de saisir les agglomérations les plus petites possible ;
- étant donnée la pauvreté des appareils statistiques d’un grand nombre de pays, les intrants de la définition devaient être les plus courants et les plus accessibles.
Parmi les solutions envisagées, une seule répondait aux trois conditions : l’agglomération dite morphologique. De plus cette approche était largement reconnue par les chercheurs et les statisticiens de plusieurs pays, notamment par l’INSEE en France, et elle était recommandée par le département Population des Nations-Unies dans une note méthodologique à l’intention des offices statistiques nationaux.
Une agglomération Geopolis est donc un ensemble bâti continu. La continuité est définie par un seuil quantitatif : une distance maximum de 200 mètres entre les constructions. Elle est ensuite classée comme « urbaine » si sa population atteint au moins 10 000 habitants.
Structurellement, elle est construite à partir du croisement de deux sources indépendantes : d’une part, une délimitation spatiale de l’extension du bâti, restituée par les cartes et les images aériennes ; d’autre part, les résultats des dénombrements de population réalisés par les institutions nationales au niveau des unités territoriales les plus fines appelées LAU (local administratif unit), ces derniers permettant d’estimer le nombre d’habitants.
Un outil de travail
Aujourd’hui, E-Geopolis, détient près de 200 ans de données démographiques mondiales. Avec le projet de créer une base de données présentant l’ensemble de ses données et résultats, l’institut oeuvre pour la diffusion du savoir scientifique tout en se remettant en cause en permanence, ses méthodes et processus afin de fournir les résultats les plus proches de la réalité.
Cette base de données constitue à la fois un outil de consultation en ligne, mais aussi un outil de collaboration scientifique.
Cette base données rassemblera pour l’ensemble des données Geokhoris, Geopolis, Topolis et Cartopolis.