De Joan PEREZ
Sous la direction de François MORICONI-EBRARD
Les pays qui se sont insérés plus tardivement dans l’économie mondiale subissent généralement les effets de la mondialisation de manière accrue.De ce point de vue, les BRIC, comparés aux autres pays émergents, possèdent un certain poids dans l’économie mondiale et représentent doncun potentiel de marché important. Avec une croissance économique qui devrait dans un avenir proche dépasser celle de la Chine, l’Inde sembleêtre un remarquable cas d’étude. Cependant, les clichés persistent dans un pays où deux aspects seulement sont le plus souvent mis en avant.D’une part, l’Inde est considérée comme un nouvel eldorado, un espace où les multinationales essaient de s’implanter en raison de l’augmentationsubstantielle du nombre de consommateurs : «the shining India». D’autre part, l’Inde est aussi souvent décrite comme surpeuplée, massivementpauvre et occupée par une forte présence de taudis, tant dans les espaces urbains que ruraux. Spatialement, un modèle dual pourrait en effet contenir d’un côté une part croissante de la classe moyenne en pleine explosion tandis que d’autres verraient s’accentuer les inégalités économiques et sociales. En revanche, il paraît difficile d’imaginer que deux extrêmes seulement puissent représenter la diversité d’un si grand pays. Dans les faits, l’évolution du secteur tertiaire n’est pas assez rapide pour maintenir un haut niveau d’emploi dans certains espaces urbains,alors qu’un modèle agraire de plus en plus intensif en zones rurales contribue à réduire graduellement le nombre d’employés agricoles et depropriétaires terriens. Par conséquent, l’augmentation générale du niveau de vie ne suivra pas forcément le rythme de croissance économiqueet démographique de l’Inde ; d’autant que les inégalités socio-économiques de ce pays sont déjà accentuées par un système rigide de castes. Ilest nécessaire de rappeler que l’inde est un pays d’ancienne urbanisation dont les premières traces remontent à 2400 AEC. De cette particularitérésulte une histoire riche et complexe. Aujourd’hui, l’Inde est caractérisée par une grande diversité de langues, de religions, de castes, de communautés, de tribus, de traditions, d’espaces sous influences métropolitaines, etc. Peu de pays dans le monde présentenet autant de spécificités. Ces faits soulèvent les questions suivantes : comment est-il possible de visualiser et quantifier les inégalités spatiales d’un pays si large et si complexe ? Quels sont les principaux facteurs qui affectent et/ou engendrent ces inégalités spatiales ? Il pourrait être simpliste d’étudier ces écarts spatiaux seulement au travers d’indicateurs macro économiques tel que le PIB. Ainsi, pour faire face à tant de complexité, un modèle conceptuel nous a permis de sélectionner de manière rigoureuse 55 indicateurs afin de renseigner ces récentes transformations spatiales en cette ère de mondialisation accrue. Cette sélection d’indicateurs a donné naissance à une base de données multicritères composée de données économiques,socio-démographiques, géographiques, sociologiques, culturelles, etc., à l’échelle du district (640 unités spatiales) et entre deux dates: 2001 et 2011. L’hypothèse de cette recherche est la suivante : une approche inductive à partir de ces indicateurs pourrait nous permettre une identificationet une caractérisation a-posteriori de structures spatiales en Inde.