Article | Actes de la conférence « Aux frontières de l’urbain »

2018-04-19T19:47:04+02:0024/08/2015|

Julien BODARGI,
Cathy CHATEL,
François MORICONI-EBRARD 

Actes de la conférence « Aux frontières de l’urbain. Petites villes du monde : émergence, croissance, rôle économique et social, intégration territoriale, gouvernance »

Coll. Actes Avignon. Ed. UMR ESPACE-Avignon. Mars 2014.

Lorsqu’on évoque  » la » ville, l’attention des médias, des chercheurs et des institutions se concentre traditionnellement sur quelques métropoles mondiales. Or, en réalité, la moitié de la population urbaine de la planète vit dans des villes petites et moyennes qui se comptent en milliers (Moriconi-Ebrard, 1994). Ces agglomérations ont un rôle moteur dans la croissance, tandis qu’elles présentent des profils et des dynamiques hétérogènes qui s’écartent de ce que l’on observe dans les métropoles (Denis, 2012). Dès lors leur étude vient enrichir et approfondir le concept d’urbain. Chercher à définir ces villes, c’est aussi éprouver les catégories d’espace et aller au-delà d’une simple dichotomie urbain/rural de plus en plus remise en cause. Quels critères permettraient de définir un seuil entre ces espaces ? Peut-on parler de territoire de l’entre-deux ? En termes de processus, les petites villes questionnent ainsi les différentes étapes de la croissance urbaine : genèse, développement, mutation, régression. Sur le terrain, l’observation est confrontée à l’arbitraire des définitions officielles de l’urbain qui diffèrent d’un pays à l’autre, contribuant à renforcer le flou des limites objectives entre  » petite ville  » et  » village « . Le changement de statut des villes peut entrainer un changement de la fiscalité, de règles environnementales et d’urbanisme : l’accès au statut urbain constitue ainsi un enjeu majeur pour le développement d’une localité et du territoire (Giraut, 2005). Quel est l’impact des politiques publiques urbaines sur ces villes ? Suffit-il de déclarer une localité  » urbaine  » pour qu’elle le soit ? Les petites et moyennes villes posent-elles des problèmes de gouvernance particuliers ou bien sont-elles à l’origine de propositions originales en matière d’aménagement du territoire ? Dans un marché globalisé où les économies d’agglomération sont mises en avant, les métropoles semblent constituer les seuls espaces compétitifs. Or, les petites villes ont souvent été des lieux d’innovation capables de s’insérer directement dans des réseaux mondiaux (Bairoch, 1984). Quels sont leurs atouts face aux grandes mégapoles ? Comment se positionnement-elles face aux enjeux territoriaux majeurs de nos sociétés : mobilité, accès à la terre, compétition foncière, exploitation des ressources locales, approvisionnement, protection de l’environnement. Ces enjeux dépendant clairement des formes d’organisation spatiale qui sont le résultat de processus de concentration plus ou moins intenses : clusters, corridors urbains, semis dispersés représentent-ils des types d’organisations spécifiques à ces villes de l’entre-deux ?